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La table de Cotreau
28 janvier 2019

Gilet jaune ?

Laissons les observateurs médiatiques commenter les images et les propos pour essayer de capter ce qui se passe dans le pays et qui est plutôt inédit. Autant nuit debout semblait être une récréation festive emprunte d’une idéologie antisystème légitime, autant les gilets jaunes dévoilent l’émergence d’un processus historique qui n’est pas cerné et pour cause, puisqu’il n’est pas accompli. Alors, comment penser une histoire à accomplir ? Cette fronde populaire n’est pas due à une question de 7 centimes de taxe sur un litre de gasoil. Le mal est plus profond. Il remonte à un processus de transformations sociales et économiques initié depuis deux à trois décennies. L’état de la France résulte d’une accumulation de trois décennies de politique. Les gilets jaunes ne sont le thermomètre du vécu d’une partie importante de la société. Ce n’est pas en supprimant le thermomètre ou en discutant avec que l’on aura des solutions. Macron promet des résultats dans trois mois. Cette promesse ne tient pas d’autant plus que la politique de Macron est dans le prolongement des gouvernances conduites par Sarkozy et Hollande qui n’ont fait d’aggraver la situation en colmatant les brèches et en jouant sur la facilité d’un budget en déficit chaque année. Le mouvement des gilets jaunes est soutenu ou approuvé par les trois quarts des Français. Depuis la métropole bordelaise, j’observe ces gilets sur les parebrises. Si ce mouvement est historique, quelle est cette histoire qui peut s’écrire et émerger ? Les visionnaires savent voir la situation et jouer avec plusieurs coups d’avance. Dissoudre l’Assemblée maintenant serait une mauvaise solution car un nouveau vote ne donnerait pas une majorité pour prendre des décisions avec des choix qu’aucun parti ne propose. Les carnassiers de la politique ont montré leurs intentions mais les gilets jaunes ne sont pas dupes. C’est le peuple de France qui renoue avec une intelligence connue lorsque le TCE a été rejeté en 2005. La fronde a dévoilé des malaises, des frustrations, des colères, mais aussi des espérances noyées dans le chaos ambiant. Cette France qui se bat a une conscience politique, elle incarne le même ressort que la France qui a rejeté le TCE. Ce qui conduit à imaginer une seconde étape. Quelle que soit la reconduite des blocages et poursuite des insurrections, il est nécessaire de réfléchir à une autre politique et non pas se contenter de mesures et de solutions de replâtrage. Il faut voir les choses en face. Comprendre l’économie, savoir pourquoi on en est arrivé à cette situation de rupture et proposer des solutions de grande envergure. C’est le travail des penseurs ; il y en a dans ce pays. Troisième étape. Un des problèmes majeurs est la division de ce pays. Une politique d’avenir doit prendre en compte la société avec toutes ces couches en sachant que la priorité concerne les moins aisés et les recalés de la France. Il n’y a aucun antagonisme si schisme entre les gilets jaunes et les intellectuels honnêtes. La position d’Alain Finkielkraut ou d’Emmanuel Todd honore cette « confrérie sans fraternité » des intellectuels, salie par BHL ou Romain Goupil. Une alliance entre les intellectuels et les gilets jaunes se dessine. On la voit apparaître dans nombre de tribunes. Un monde émerge, il faut résister et avancer. Quatrième étape. Former un nouveau parti, une nouvelle alliance en marche pour affronter le pouvoir en place en laissant de côté les partis de l’ancien monde, PS, LR mais aussi les carnassiers en embuscade, RN et FI. Cette alliance est possible. Et puis rien ne s’oppose à ce que des figures politiques d’expérience puissent rejoindre cette nouvelle alliance. Rufin, Villepin, Védrine, Cazeneuve, les bonnes volontés sont bienvenues et vous êtes priés de ne pas siffler ! Cette nouvelle alliance pourrait être jaune et violette, symbole du peuple en mouvement et de la souveraineté spirituelle du peuple. Les crécelles alliées des toupies (à bon entendeur). Cinquième étape, les élections européennes. Rien n’interdit d’espérer un succès colossal si cette nouvelle alliance à un horizon, une pensée, une cohérence et un programme simple avec quelques mesures révolutionnaires. Dans ce cas de figure, une dissolution sera légitime et justifiée. Et une nouvelle Assemblée pourra mettre en œuvre le programme de la nouvelle alliance. Cette histoire est du domaine du réalisable mais elle reste très incertaine pour ne pas dire impossible. Il faudrait que les gens se parlent et qu’ils ne cessent de s’opposer les uns aux autres, surtout dans cette France qui peine avec les travailleurs lorgnant sur le compte en banque des plus pauvres recevant des aides. Les Français ne sont pas tous dupes de la division sur laquelle jouent les politiciens pour consolider leur pouvoir. En l’état actuel des choses c’est l’impasse. Il n’y a pas de solution dans le contexte politique et technologique car les réformes du gouvernement ne peuvent qu’aggraver la situation et au mieux la stabiliser. La France va dans mauvaise direction depuis 20 ans. Comme beaucoup de pays. En Italie, une représentation politique inédite est arrivée au pouvoir. En France, le peuple ne se sent pas représenté et les partis alternatifs, RN et FI, ne sont pas compatibles. Cette configuration est propre à la France qui a toujours été divisée depuis deux siècles. Il n’y a pas de solution politique ni de programme avec un RN qui refuse l’Europe alors qu’elle peut devenir un levier si on la maîtrise au service des peuples, et avec la FI qui adhère au mythe du climat et à la transition bureaucratique. Quant à la transition numérique, elle conduit l’humanité vers la dénaturation en servant, comme la transition écologique, les prédateurs du système. En jaune et violet, la vie des gilets et la vie de l’esprit, une nouvelle alliance. La colère n’a que deux réponses, l’une est la vengeance, l’autre est l’alliance. L’une détruit, l’autre construit, l’une est de bêtise, l’autre est d’intelligence. Face à votre destin, vous Français, vengeance ou alliance, « rouge, noir et brun » ou « violet et jaune ».

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